La 60e édition des 24 heures de Daytona a connu un final palpitant, avec les quatre premières voitures franchissant la ligne d’arrivée en seulement 6 secondes d’intervalle. L'Acura pilotée par Oliver Jarvis, Tom Blomqvist, Helio Castroneves et Simon Pagenaud s'est imposée avec une maîtrise parfaite, devançant sa jumelle de seulement 3,028 secondes, les deux voitures étant équipées de systèmes de freinage Brembo.
Il s'agit de la sixième victoire consécutive de Brembo à Daytona, un parcours sensationnel mais encore loin d’égaler sa domination au 24 Heures du Mans : de 2004 à 2018, les voitures équipées d’étriers Brembo ont remporté pas moins de 16 éditions consécutives de la mythique course d’endurance française.
Pour tenter de mieux comprendre les deux courses de 24 heures les plus célèbres du troisième millénaire, nous avons dressé une liste de dix facteurs qui mettent en évidence leurs caractéristiques particulières.
1) Circuit
Les 24 heures du Mans se déroulent sur le circuit de la Sarthe, dans le nord-ouest de la France. Longue de 17,26 km à l’origine, la piste a été raccourcie progressivement pour atteindre 13,629 km en 2018. Certains tronçons sont constitués de routes habituellement ouvertes à la circulation pendant l'année. Il compte 17 virages.
Les 24 Heures de Daytona se disputent au légendaire Daytona International Speedway, circuit emblématique situé en Floride. La course d’endurance emprunte le Sports Car Course, une variante ovale modifiée de 5,729 km qui, après la ligne d’arrivée, s’enfonce vers l’intérieur du circuit au lieu de poursuivre vers le virage 1. Il compte 12 virages.
2) Vitesse
Le samedi 11 juin 1988 à 20h46, Roger Dorchy, lancé au volant du prototype Peugeot WM-P88 de Groupe C, pulvérise les chronos avec 405 km/h en pleine ligne droite, longue de 6 km. Il s'agit de la vitesse la plus élevée jamais atteinte aux 24 Heures du Mans, un record inégalé grâce à l'ajout de deux chicanes à la ligne droite de Mulsanne en 1990.
Le record de vitesse à Daytona est de 358,837 km/h (222,97 mph), établi par Colin Braun en 2013 au volant d'une Ford équipée d'un moteur V6 de 3,5 litres. Mais sur le circuit des 24 Heures, les vitesses restent plus contenues. Lors de l'édition 2019, Simon Pagenaud (Acura), Renger van der Zande (Cadillac) et Oliver Jarvis (Mazda) ont atteint les 321,9 km/h.
3) Temps au tour
Le record du temps au tour des 24 Heures du Mans est de 3 minutes 17,297 secondes, établi au quatrième tour en 2019 par Mike Conway au volant de la Toyota TS050 Hybrid. Sa moyenne était de 248,6 km/h. En revanche, en qualification, le record appartient à Jackie Oliver, qui, en 1971, a signé un tour en 3 minutes 13,6 secondes au volant d’une Porsche 917.
Le record du tour de qualification des 24 Heures de Daytona a tenu 26 ans avant d'être battu en 2019 par Oliver Jarvis. Sa Mazda, toujours équipée de freins Brembo, a arrêté le chrono à 1 minute 33,685 secondes avec une vitesse moyenne de 220,1 km/h. Au 125e tour de la course 2022, en revanche, Alex Palou est descendu jusqu'à 1 minute 33 secondes et 724 millièmes de seconde au volant de la Cadillac, atteignant une moyenne de 220,06 km/h.
4) Distance
Grâce aux vitesses plus élevées, les voitures des 24 Heures du Mans couvrent bien plus de terrain : en 2010, le trio Mike Rockenfeller, Timo Bernhard et Romain Dumas a établi un record de distance avec l'Audi R15+ TDI, parcourant 397 tours soit 5 410,713 km. Ce record historique, toujours en vigueur, a été largement porté par la fiabilité et la performance des freins Brembo.
Aux 24 heures de Daytona, les vitesses plus faibles et le tracé plus court rendent les dépassements plus difficiles et limitent la distance totale parcourue par les voitures Le record est détenu par Ryan Briscoe, Scott Dixon, Kamui Kobayashi et Renger van der Zande, qui en 2020 avec la Cadillac DPi-VR, équipée par Brembo, ont couvert 833 tours, soit 4 772,48 km.
5) Têtes de course
Même si les tours sont particulièrement longs, il n’est arrivé qu’une seule fois en 10 ans aux 24 Heures du Mans que les vainqueurs ne doublent pas tous leurs rivaux : c’était en 2019, où l’écart avec la deuxième place s’est réduit à seulement 16,972 secondes L'écart a été d'un tour à quatre reprises, de deux tours à deux reprises, de trois tours à deux autres reprises et, en 2020, de pas moins de cinq tours.
Au cours des 10 dernières éditions des 24 Heures de Daytona, les pilotes classés deuxièmes n'ont jamais été distancés d'un ou de plusieurs tours par les vainqueurs. L'écart le plus important a été de 1 minute 10 secondes 544 millièmes de seconde en 2018, mais à huit reprises, il a été inférieur à une demi-minute, et dans cinq cas, inférieur à 5 secondes. En 2017, à peine 671 millièmes de seconde séparaient les deux premières Cadillac, toutes deux équipées de freins Brembo.
6) Entrants
La grille des 24 Heures du Mans accueille jusqu’à 62 voitures, dont la fameuse « Garage 56 » : un prototype innovant invité par les organisateurs, hors compétition officielle. 61 voitures étaient sur la ligne de départ de l'édition 2021, tout comme en 2019. En revanche, il y en aura 60 en 2018 et 2017, et 59 en 2020.
61 voitures étaient sur la ligne de départ des 24 Heures de Daytona 2022, une augmentation considérable par rapport aux deux années précédentes : en 2021, elles étaient 49 et en 2020, seulement 38. Il y a deux ans, grâce à une réduction significative du nombre d’entrées, les neutralisations ont atteint un niveau historiquement bas Entre 2017 et 2019, le nombre d'entrants s'est resserré drastiquement : 55 en 2017, 50 en 2018, et seulement 47 en 2019.
7) Échanges incessants de positions
Lors de la dernière édition des 24 Heures du Mans, comme en 2019, la tête de la course a changé plus de 11 fois, grâce notamment aux deux Toyota, à l'exception de l'Alpine A480-Gibson qui a brièvement pris la tête pendant un tour. En LMP2, la bataille fut acharnée avec pas moins de 28 changements de première place, tandis qu'en LMGTE Pro et LMGTE Am, les positions de tête ont été redistribuées 29 fois.
Aux 24 Heures de Daytona 2021, la lutte a été d’une intensité rare avec pas moins de 76 changements en tête entre Acura et Cadillac, toutes équipées de freins Brembo. L’intervalle le plus long entre deux changements s’est étiré entre les tours 119 et 195. Les LMP2 ont enregistré pas moins de 73 changements de première place, même si tous concernaient les Oreca 07. 30 en LMP3, 71 en GTDPRO et 58 en GTD.
8) Arrêt au stand
La Toyota GR010 Hybrid victorieuse aux 24 Heures du Mans 2021 a effectué 33 arrêts au stand, totalisant un temps de stationnement de 44 minutes et 18 secondes. Sa jumelle, en revanche, a réalisé pas moins de 37 arrêts au stand, totalisant 48 minutes et 6 secondes d’immobilisation, tandis que l’Alpine A480, troisième à l’arrivée, s’est arrêtée seulement 31 fois, perdant un total de 44 minutes et 10 secondes.
L'Acura qui a remporté les 24 heures de Daytona 2022 s'est arrêtée 42 fois au stand, soit un total de 39 minutes et 7 secondes. Sa jumelle, arrivée deuxième, a effectué 39 arrêts au stand, perdant 39 minutes et 14 secondes, soit 7 de plus, ce qui s'est avéré décisif par la suite. Troisième voiture équipée de freins Brembo à franchir la ligne d'arrivée, la première Cadillac a effectué pas moins de 40 arrêts aux stands.
9) Changements
Chaque équipe aux 24 Heures du Mans est strictement limitée à un maximum de trois pilotes par voiture. La dernière édition remportée par une voiture avec seulement deux pilotes se relayant au volant remonte à 1982 avec Derek Bell et Jacky Ickx sur la Porsche 956 . La première victoire d'un trio remonte à 1977, avec Ickx, Jurgen Barth et Hurley Haywood.
De nombreuses équipes des 24 Heures de Daytona jouent la carte du quatuor, préférant alterner entre quatre pilotes. En 2022, sur les 15 premières voitures à franchir la ligne d'arrivée, seule celle arrivée quatrième alignait un trio de pilotes. Au cours des 15 dernières éditions, seules les équipes composées de trois pilotes ont remporté la course à deux reprises : en 2014 et en 2018. Pas moins de sept pilotes se sont succédé dans la voiture gagnante en 1997.
10) Drapeaux
La voiture de sécurité est intervenue à quatre reprises lors des 24 Heures du Mans 2021. Il est restée sur le circuit pendant 33 minutes et 10 secondes au total. À cela s'ajoutent quatre autres cas de tour complet sous drapeau jaune de 8 minutes et 15 secondes. La course s'est déroulée sans interruption majeure pendant 22 heures, 19 minutes et 24 secondes.
Aux 24 Heures de Daytona 2022, pas moins de 17 neutralisations ont rythmé la course, durant lesquelles les drapeaux jaunes ont flotté pendant un total de 6 heures, 1 minute et 5 secondes. La plus longue a eu lieu après moins de trois heures de course et a duré 31 minutes et 55 secondes. Le matin du deuxième jour, en revanche, il n'y a eu aucun problème pendant 4 heures et 53 minutes de de course.
Bonus) Les freins
Après toutes ces différences, nous tenons néanmoins à souligner un élément récurrent qui démarque les voitures, aussi différentes soient-elles, victorieuses au Mans comme à Daytona : elles partagent presque toutes un élément clé, le système de freinage Brembo.
Les innovations majeures de Brembo en endurance ont également impliqué les disques en carbone. Dès 2001, Brembo Racing a permis à l'Audi R8 de l'équipe Joest pilotée par Frank Biela, Emanuele Pirro et Tom Kristensen de terminer la course en première position sans changer une seule fois les disques ou les plaquettes de frein.
Brembo a également révolutionné la fixation entre la cloche et la bande de freinage en remplaçant dès 2008 le système de trainée par bagues par des cannelures. Qui plus est, Brembo a brillamment optimisé les dimensions des disques et des plaquettes, permettant ainsi des réductions de poids cruciales, un facteur clé dans la réduction des temps au tour.