Les Freins du Championnat du Monde des Rallyes 2017 bien expliqués

25/01/2017

 Ford et Hyundai font confiance à Brembo pour les nouvelles WRC Plus : voitures et freins plus puissants en 2017

Les WRC à la retraite, voilà les nouvelles WRC Plus, une nouveauté qui se répercute également sur les systèmes de freinage.

Par rapport aux modèles précédents, en effet, la puissance des moteurs a augmenté de quatre-vingt chevaux, en atteignant approximativement 380 Ch.

De pair avec l'augmentation des performances, également la largeur des voitures a augmenté, si bien que maintenant elles bénéficient d'énormes ailerons à l'arrière, de pare-chocs plus grands à l'avant et même d'un diffuseur arrière.

Nul besoin d'expliquer que ces caractéristiques amènent à des vitesses supérieures dans les virages que par le passé.

 

 

LES NOUVEAUTÉS

C'est évident que l'augmentation des performances et de l'adhérence se traduit par une majeure sollicitation des systèmes de freinage.

Pour répondre aux attentes des Constructeurs, le règlement permet d'utiliser des disques de 370 mm de diamètre, mais seulement pour les épreuves sur l'asphalte : jusqu'à 2016, la mesure maximale autorisée était de 355 mm.

Cependant la puissance accrue des systèmes de freinage risque de se traduire en une surchauffe excessive. Pour résoudre ce problème, les Constructeurs ont augmenté l'efficacité des prises d'air à l'avant et réalisé des nouvelles prise d'air à l'arrière : Brembo a signalé à chaque écurie la quantité d'air nécessaire pour refroidir le disque et l'étrier.

Après avoir attentivement analysé les avantages et les inconvénients du refroidissement par liquide, cette hypothèse a été abandonnée : effectivement, cette solution se traduit par une augmentation du poids des étriers et des composants accessoires, en plus, si la pompe se casse, elle peut présenter des risques.

Par ailleurs, les ingénieurs Brembo sont convaincus que les températures peuvent être maintenues sous contrôle grâce aux prises d'air.


 
 

LES ÉCURIES

Pour le 20ème championnat consécutif, Brembo sera le fournisseur de l'écurie M-Sport qui cette année aligne le champion du monde Sébastien Ogier : au volant des deux autres Ford Fiesta WRC Plus, il y aura les pilotes Ott Tanak et Elfyn Evans.

Brembo a quasiment réalisé la totalité du système de freinage des trois Hyundai i20 Coupe Plus confiées respectivement à Hayden Paddon, Thierry Neuvile et Dani Sordo.

Tandis que les deux Toyota Yaris WRC n'utilisent que certains composants fabriqués par Brembo.


 

LES VARIABLES QUI INFLUENCENT LES FREINS

Dans le Mondial rallyes, les variables que doivent affronter les pilotes et les écuries sont nombreuses et influencent, parmi d'autres, les caractéristiques du système de freinage.

Voici les plus importantes :

1) Plus le grip augmente, plus le système de freinage est sollicité.

Le WRC prévoit des épreuves où le parcours est enneigé, d'autres très glissantes à cause de la glace, d'autres encore où il faut franchir des cours d'eau. De même les surfaces du WRC qui varient de l'asphalte à la terre, en passant par le sable et le gravier. Tous ces éléments se traduisent dans des grips différents qui conditionnent le fonctionnement des freins.

2) Plus le parcours est tortueux, plus le système de freinage est sollicité.

Les épreuves spéciales ont elles-aussi une incidence sur les performances des freins : la réaction des freins dans un rallye avec de nombreux rectilignes et des freinages-accélérations est complètement différente de celle d'un rallye avec un continuel déplacement droite-gauche.

3) En présence de nombreuses pentes, le système de freinage est beaucoup plus stressé.

La variation altimétrique représente un effort significatif pour les freins : une épreuve sur un tracé plat est totalement différente de celle où il faut grimper des côtes et dévaler des pentes. Aux lueurs de sa longue expérience dans le Championnat du Monde des Rallyes, Brembo réalise des systèmes de freinage différenciés en fonction des conditions que les voitures doivent affronter.

 

 

LES RALLYES SUR LES PISTES DE TERRE

                      

Pour les rallyes qui se disputent sur des pistes de terre, les pilotes doivent habituellement corriger sans cesse l'axe de la voiture : pour la remettre au centre de la route, ils utilisent continuellement le frein en l'actionnant du pied gauche.

Ceci ne permet pas au système de freinage de « cycler » car il est toujours sous pression : il n'a donc pas le temps de refroidir.

Sur les pistes de terre, nul besoin de disques de grandes dimensions car généralement il n'y a pas de freinages brusques après de longs rectilignes comme par exemple pour les épreuves sur l'asphalte : le diamètre des disques Brembo est de 300 mm (inchangé par rapport à 2016) et l'épaisseur varie d'un minimum de 25,4 mm à un maximum de 28 mm.

Pour les épreuves moins exigeantes, on utilise les disques Brembo super légers car tout le matériel, dont au contraire on a besoin pour les épreuves où les freins sont plus sollicités, n'est pas nécessaire.

De même pour les plaquettes Brembo à base céramique qui sont plus « soft » par rapport à celles pour l'asphalte, afin d’empêcher le blocage des roues et réduire la surchauffe des disques : le matériel est l’RB330.

Le Rallye du Mexique, selon les techniciens Brembo qui travaillent sur le terrain, est l'épreuve la plus exigeante pour le système de freinage des 13 prévues dans le WRC 2016 : les spéciales sont assez ondulées mais surtout elles sont caractérisées par des descentes impressionnantes où l'action des freins résulte décisive.

 

 

Dans la spéciale Ibarilla, les pilotes descendent de 2.599 à 2.065 mètres en seulement vingt kilomètres. Le Rallye d'Italie sollicite lui-aussi les systèmes de freinage car il est couru sur des pistes de terre à forte adhérence, avec des changements continus de direction qui nécessitent de continuelles corrections avec le frein.

En plus, il y a de nombreuses côtes et descentes où les freins doivent s'exprimer à fond pour ne pas sortir de route. Dans la catégorie des rallyes sur pistes de terre très exigeants, on compte aussi le Rallye d'Argentine : dans ce cas, le problème concerne le franchissement des gués qui peuvent produire un choc thermique.

Le risque est la formation de criques sur les disques et le détachement des plaquettes. Le choc thermique peut se présenter également au cours du Rallye de Suède : si la neige est abondante, l'arrière des voitures se déplace beaucoup et peut heurter les tas de neige qui entrent en contact avec les freins arrières.

En plus, lorsqu'il y a beaucoup de neige, le grip est faible. Tandis que s'il a peu neigé, les clous pénètrent plus facilement dans le terrain compact en augmentant le grip. La combinaison de ces deux éléments comporte un jugement de moyenne difficulté pour le système de freinage.

Parmi les épreuves les plus difficiles pour le système de freinage, il y a aussi le Rallye du Pays de Galles et le Rallye de Finlande : le premier est célèbre pour la boue qui le rend particulièrement glissant et où le grip est donc absent.

Le rallye des Milles Lacs, bien qu'ayant des lignes très rapides, se distingue à cause d'une chaussée très « sournoise » car recouverte de gravier qui réduit drastiquement le grip des premières voitures qui passent.


 

 

LES RALLYES SUR L'ASPHALTE

Une conduite extrêmement précise est essentielle pour être rapide sur l'asphalte ; celui qui fait moins de corrections remporte le rallye.

En effet, ces épreuves prévoient des parcours où les rectilignes s'alternent à des virages rapides, où les freins ne jouent pratiquement aucun rôle, et des freinages brusques de forte intensité : le couple de freinage mis en œuvre est donc très élevé.

Toujours sur l'asphalte, les freins à disques Brembo avec bande de freinage en fonte, ont des dimensions majeures par rapport à ceux utilisés pour les pistes de terre : le diamètre est de 370 mm et l'épaisseur varie d'un minimum de 30 mm à un maximum de 32 mm.

Les 370 mm sont le choix obligé à l'avant, tandis qu'à l'arrière certains Constructeurs ont homologué également des disques de 355 mm et de 320 mm : en fonction des conditions et du « feeling » du pilote, ils peuvent donc opter pour une solution ou l'autre.

Les plaquettes à base céramique sont plus agressives que celles utilisées pour conduire sur les chemins de terre : le meilleur mordant est exprimé par le mélange Brembo RB350.


 

 

Le Rallye d'Allemagne est certainement le rallye sur asphalte du WRC 2016 le plus exigeant pour les freins : le grip est assez élevé, surtout dans la spéciale Arena Panzerplatte où, au lieu de l'asphalte, la chaussée est formée de plaques de béton.

En plus, cette épreuve se distingue par une multitude de freinages à 90 degrés qui interrompent de longs rectilignes. Il s'ensuit que le couple de freinage mis en œuvre est très élevé.

De même pour le Rallye de France, lui-aussi réputé très difficile pour les freins, mais uniquement pour les versions 2015 et 2016 qui prévoient la dispute en Corse : de 2010 à 2014, il s'est disputé en Alsace et le jugement était moyennement exigeant.

Tandis qu'en Corse les routes sont très tortueuses et particulièrement étroites : ceci oblige le pilote à travailler d'arrache-pied avec le pédale de frein pour de continuelles corrections.

Le Rallye de Monte-Carlo quant à lui est moyennement exigeant pour le système de freinage, mais la valeur est le résultat d'une moyenne de deux sections aux antipodes : les premières spéciales, autour de Gap, peuvent offrir un grip excellent en absence de neige et sont donc très insidieuses.

Les dernières, dans les hauteurs de Monaco, offrent un cadre totalement différent où les voitures sont aux prises avec la neige et la glace et donc l'utilisation des freins est pratiquement nulle.

De même pour le Rallye d'Espagne qui démarre sur l'asphalte pour se terminer sur les pistes de terre : les voitures, au départ, sont équipées pour l'asphalte, freins inclus.

Lorsque la surface varie, les mécaniciens remplacent les différentiels, les suspensions et même le système de freinage.